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Comment les influenceurs influencent-ils les influençables ?

Par E. de Saint-Bon,
le 30 août 2021

L’été est propice à la décantation. Ne plus travailler permet… de réfléchir et de lire davantage.

Ce mois-ci, j’ai avalé « Les enfants sont rois » de Delphine de Vigan. C’est l’histoire d’une ex-lofteuse ratée, une sorte de Loana dont on n’aurait jamais entendu parler, qui finit par renoncer, quitter le circuit de la téléréalité, se marier, et avoir deux enfants. Alors jeune trentenaire, et toujours avide de notoriété, elle s’amuse à mettre en scène ses deux enfants sur Instagram, et parvient à en faire les e-bambins préférés des français. Sa famille atteint alors une sorte de nirvana médiatico-consumériste : argent, gloire, contrats prestigieux, et des millions de likes au quotidien, jusqu’à ce que la machine se grippe et que ce bel ensemble vacille dangereusement…

La romancière, dûment renseignée, ne cache pas l’application, la constance, et les efforts sans cesse renouvelés pour atteindre et conserver cette place de numéro un dans le paradis de l’influence numérique. Je me suis alors demandé quelle alchimie particulière pouvait vous propulser au sommet et faire de vous l’un des rois des médias sociaux.

En synthèse, un ensemble de choses qui, isolément, n’ont rien de compliqué, mais qu’il faut savoir coordonner simultanément et dans la durée. Tout est là.

L'alchimie de l'influence

Ces poids lourds, qu’ils soient sur Twitter, Instagram, Tik Tok, Snap ou encore Linkedin, ont d’abord du talent. Sans cela, pas d’émergence possible. Je sais bien que le talent s’acquiert avec le travail, mais sans une once initiale de sensibilité ou de créativité, oubliez. Vous n’avez aucune chance. Regardez par exemple l’ami Grégoire Gambatto sur Linkedin. Son art est incontestable. En prenant un peu de temps, chacun de nous peut faire un post bien senti, ou drôle. Mais lui le fait beaucoup et depuis longtemps. Scrollez sur sa timeline et voyez.

2e point, faut-il le préciser ? Ces gros influenceurs maîtrisent parfaitement les codes des réseaux sociaux. En la matière, le fond et la forme ont une importance égale. Avoir un message fort est intéressant, mais sans packaging astucieux, sans imagerie au goût du moment, peu de chance d’émerger. Les réseaux sociaux en effet ont imposé divers codes de lectures imagés ou animés et viennent même supplanter l’ère de la lecture strictement textuelle. Leurs ténors jonglent donc aisément avec la vidéo, le motion design, la photo, la création, les carrousels, les gifs, les filtres, les effets divers. De même, ils connaissent par cœur tous les codes de la conversation, savent discuter en ligne, interpeler, rebondir, s’appuyer parfois sur d’autres personnes influentes pour les impliquer dans leurs propres publications. Bref, ils baignent dans cet univers depuis des années et s’inscrivent dans une logique de tests et d’expérimentations constants.

Ils travaillent dur. Vraiment dur. Je ne crois pas en effet qu’il existe de gros influenceurs durables sans un travail important et même une exigence de chaque instant. Je ne suis pas un grand adepte de mode et de lifestyle, mais je regarde toujours avec plaisir les publications de Mija_Mija sur Instagram. J’apprécie particulièrement l’esthétique de ses photos, et notamment la maîtrise du noir et blanc.

Que dire aussi de Léna Mahfouf, aka Léna Situations, jeune vlogueuse et influenceuse de 23 ans ? Sa page Youtube dépasse les 2 M d’abonnés elle a déjà remporté 2 fois le People’s Choice Awards. Hasard ? Coup de chance ? Surement pas !

Mais ce n’est pas tout. Conscience du moment oblige :  ils sont souvent engagés dans des causes sociétales et le sont authentiquement. Léa Camilleri par exemple, jeune femme de 25 ans, 300 k abonnés sur Instagram, 500 k abonnés sur Youtube, 23 M de vidéos vues, tente d’éveiller les consciences sur le voyage vert, l’écologie et la responsabilité écologique. Elle a ainsi réalisé l’an dernier un reportage complet sur les chiens de Tchernobyl, en partenariat avec AirBnB, et collecte même des fonds pour les aider à mieux vivre. Autant vous dire qu’à 25 ans, je n’avais pas tout-à-fait ce genre de projets…

Par ailleurs, et cet aspect est parfois négligé par les influenceurs au motif qu’ils sont « libres et indépendants » : ils entretiennent des relations très professionnelles avec les marques lesquelles, à l’instar des grands sportifs, les financent en grande partie. Ils gèrent ainsi leurs espaces et interventions avec beaucoup de cohérence. Ils intègrent parfaitement la notion de brand safety, c’est-à-dire qu’ils veillent à ce que les expressions de marque à travers leurs espaces ne se heurtent pas à d’autres messages incompatibles avec les valeurs de la marque partenaire.

Enfin, ils profitent d’une certaine manière de la « fatigue de nos élites », de la perte d’autorité ou de crédibilité de nos maîtres traditionnels : responsables politiques, journalistes, chefs d’entreprises, enseignants, etc. Le public, de plus en plus, se tourne vers eux et les suit car ils constituent des voix indépendantes, proches, avec lesquelles on peut interagir, et auxquelles on peut donc s’identifier. Le fait par exemple d’avoir à des influenceurs de votre âge, parfois des adolescents, et de partager les mêmes codes esthétiques ou la même mentalité favorise votre émergence comme modèle ou égérie.

Voilà. Vous savez tout. C’est simple, non ?
Cela vous inspire ? Vous n’avez pas peur ?
Allez-y donc ! C’est facile. Et c’est gratuit 😉.

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