La France n’aime plus ses jeunes nous dit-on. Nous voilà bien. Passe encore la perte du triple A, mais quand un pays prononce avec sévérité son désamour pour sa jeunesse, c’est une partie de l’avenir qui s’obscurcit.
Le Monde d’aujourd’hui en effet fait état d’un jugement sévère des Français sur la jeunesse. Quoi ! Ils seraient égoïstes (63 %), paresseux (53 %) et intolérants (53 %). Pire encore à mes yeux, les français jetteraient un régard « compatissant » sur sa jeunesse.
Pfou ! Que les jeunes aient des difficultés est une réalité connue. L’insertion dans le monde du travail n’est pas facile et les diplômes ne sont plus un ticket d’avenir. Que des candidats primo-accédants se retrouvent logés à 30 ans chez Papa & Maman devient aussi un lot commun. Mais quoi ! Etre jeune devrait être source de compassion ? Alors Pierre Bellanger, le fondateur de Skyrock, aurait raison quand il dit : « les adultes ont des problèmes tandis que les jeunes sont un problème » ?
N’a-t-on pas plutôt, à travers ce sondage, le constat que le monde bouge davantage qu’il y a 25 ans (et Internet s’avère l’un des facteurs principaux de ce mouvement et de cette accélération) ? De ce fait, les adultes d’aujourd’hui peineraient à ajuster leur repères et, dans un mouvement sans discernement, porteraient un regard sévère sur « les jeunes », acteurs supposés de cette évolution que l’on ne saisit plus ?
J’ai pour ma part une vision différente de la jeunesse. Bien que consciente des défis du jour, elle n’est nullement désespérée. Elle est même résolument optimiste.
Je note tout d’abord qu’un monde qui bouge est par définition un monde qui fait apparaître de nouveaux besoins ; donc de nouvelles opportunités. J’ai donc d’abord envie de dire aux jeunes (je parle comme un vieux ; c’est vrai que j’ai 43 ans) : « ne vous laissez pas aller à la désespérance, n’attendez donc pas qu’on vous « donne » du travail » ; essayer de prendre des responsabilités (quelles qu’elles soient) est une bonne voie pour faire son chemin ». Ce n’est pas une question d’indignation (Stéphane Hessel se plante selon moi, malgré son succès de librairie) ou de révolte (se révolter pour quoi faire ? Tout flanquer par terre ? Et après ?). C’est une question d’ambition, d’énergie, mais aussi de réalisme : personne ne vous attend ; c’est donc aux jeunes de créer leur propre situation.
Je sais bien que je fais partie de ceux qui ont de la chance et que l’on pourrait me dire « facile à dire ». Je sais. Mais depuis 3 ans, je vis quotidiennement avec des jeunes. D’une part dans mon entreprise de maintenant 20 personnes où la moyenne d’âge est de 28 ans. D’autre part en ayant été chef de groupe aux Scouts Unitaires de France de Boulogne. Je peux affirmer qu’une partie de la jeunesse actuelle est pétrie de générosité, d’engagement, de curiosité et d’ouverture d’esprit. Une chose me frappe par exemple : la grande maturité des candidats à l’embauche que je reçois tout au long de l’année. Souvent, ces candidats, du haut de leurs 25 ans, ont voyagé, créé des associations, fondés des journaux en ligne ou des festivals, parfois déjà créé des entreprises, etc. Cette maturité tranche sévèrement avec l’immaturité doucereuse et insouciante que nous avions à la fin des années 80 et au début des années 90.
Quant aux garçons et filles jeunes chefs scouts que j’ai eu l’honneur de côtoyer, et même si je sais que ce n’est pas là la frange la plus représentative de la jeunesse, j’affirme que j’ai pris plusieurs leçons de détachement, de joie et de don de soi.
Je ponctue cet article en partageant avec vous l’intervention que j’ai faite lundi dernier sur FranceInfo dans l’émission « Les entrepreneurs du nouveau monde » de Jean Zeid. J’y parle des jeunes à la fin. Oui, l’avenir existe et il n’est pas forcément noir !
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