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« Avoir » un travail ou « être » son travail : ce qui distingue le cadre du cadre dirigeant

Par E. de Saint-Bon,
le 14 décembre 2014

Si je vous demandais à brûle-pourpoint ce qui distingue un cadre d’un cadre dirigeant, que me répondriez-vous ? Sans-doute me diriez-vous que le cadre dirigeant… dirige des cadres et vous feriez là preuve de bon sens. Peut-être aussi préciseriez-vous que le cadre dirigeant gère ses affaires avec autonomie, peut agir sur la direction de l’entreprise et dispose de nombreuses qualités ; vous montreriez-là une culture certaine des affaires. Et si vous aviez en sus une bonne connaissance juridique, vous me diriez que les cadres dirigeants n’ont pas d’horaires plafonnés, pas de RTT et peuvent juste revendiquer leurs 5 semaines de vacances par (ce qui est vrai, bravo !).

Pourtant, l’essentiel à mes yeux est ailleurs. Être cadre dirigeant, ce n’est pas d’abord une histoire de responsabilités, d’autonomie, de salaire ou de qualités personnelles. C’est avant tout une question de rapport à son travail. Ce qui distingue en effet le cadre dirigeant du cadre « ordinaire » touche au lien particulier qui l’unit à son entreprise.

Une cadre

Prenons l’exemple d’un cadre ordinaire. Il dispose lui aussi d’une certaine autonomie et influe parfois sur le cours des choses, notamment dans les PME. Il gère diverses missions, des ressources, un planning et interagit pour cela avec une ou plusieurs équipes.

Mais il arrive un moment dans l’année où, une à une, ses missions se terminent (lancement de produit, ouverture d’une nouvelle B.U., signature d’un partenariat ou réorganisation). Bien sûr, de nouvelles missions échoient à ce cadre, presque toujours sans temps mort. Mais son horizon reste malgré tout fixé sur le terme de ces diverses missions.
Surtout, c’est son patron qui lui donne des directives ; en d’autres termes, les missions que notre cadre « ordinaire » accomplit sont celles qu’on lui demande de conduire et non celles qu’il se fixe lui-même. Il est en effet assez rare de voir des entreprises favoriser l’éclosion des idées de ses cadres et permettre de transformer ces idées en initiatives voire en missions. En ce sens, le cadre reste un exécutant dont le rapport au travail est fini.

Un cadre dirigeant

Le cadre dirigeant justement, et c’est là toute la différence, se fixe lui-même ses propres missions et ses propres priorités. Peu importe qu’il rapporte ou non à un comité stratégique ou un pool d’actionnaires, il est mû par la vision globale de l’entreprise et agit en se donnant lui-même son travail.
De surcroît, les réflexions à long terme qu’il nourrit le projettent constamment dans les étapes d’après. Or ces étapes peuvent emprunter diverses voies et constituent ainsi un ensemble de possibles très large. Explorer ces voies, les sélectionner, les éliminer ou les approfondir requiert beaucoup de réflexion, de travail et en engagement personnel très fort.
Cette situation place ainsi le cadre dirigeant dans un univers de travail infini. Acteur en éveil constant, le cadre dirigeant est en permanence susceptible d’explorer telle ou telle voie ou de déployer les ressources de son entreprise pour confirmer telle ou telle possibilité. En somme, il n’a jamais terminé son travail, n’a jamais fini de networker ou de réfléchir. Où qu’il soit, et avec quelques personnes qu’il soit (dans un dîner en ville, en week-end ou en vacances), notre cadre dirigeant reste vigilant et susceptible de faire avancer sa « cause ».

Une question d’état d’esprit

Mon propos n’est pas de déplorer le fait que le cadre dirigeant pourrait ainsi travailler en permanence ; il est de souligner que ce rapport particulier au travail fait de lui l’entreprise qu’il représente. Son travail n’est pas une somme de missions qu’on le prie d’accomplir, mais devient sa seconde nature. L’on pourrait dire en somme que le cadre a un travail quand le cadre dirigeant devient son propre travail.

Ainsi, ce qui distingue le cadre du cadre dirigeant est selon moi une question d’état d’esprit avant d’être un débat juridique, financier ou managérial. Tout le monde bien sûr n’a pas les capacités (ou l’envie, Dieu merci !) de devenir cadre dirigeant. Mais il me semble que les cadres qui aspirent un jour à être cadres dirigeants doivent se demander s’ils sont prêts à suivre ce schéma et, dans l’affirmative, à l’adopter dès à présent.

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